Le jour où nous avons enregistré Huit jours en Italie avec Jacques Higelin, Jacques et moi, avions un peu forcé sur le whisky ; nous étions très gais, il y avait une super ambiance. Jacques Canetti était comme d'habitude en cabine. Je dirigeais la séance et pendant que Jacques Higelin chantait, d'une manière imprévue je me suis approché de lui et lui donnai la réplique en improvisant avec une voix de |
Jacques Canetti me demanda de préparer un album pour Serge Reggiani et me donna une liste de chansons à orchestrer ; puis il me demanda si je pouvais aller chez Reggiani, qui habitait en bordure de mer, pour lui apprendre les chansons. Serge n'ayant jamais chanté, il n'avait aucune notion de la mesure, mais apprenait rapidement. Il fallait le diriger, le faire partir au bon moment. Je fis la séance du play-back, avec une grande formation : nous étions tous contents des orchestrations, cela « sonnait ». Le jour de la prise de voix, j'avais une grippe et étais alité. Jacques Canetti, pour des motifs impératifs de planning, n'a pas pu reporter la séance et Serge enregistra sans être dirigé ; cela s'entend surtout dans le milieu de Sans blague. |
Nous avions plusieurs méthodes de travail. Parfois Boris me donnait un texte et, sur place, je composais la musique. D'autres fois, je lui apportais une musique ou un départ que j'avais composé chez moi, et Boris, en ma présence, écrivait les paroles. Comme nous étions assez rapides, c'était tacite entre nous, il mettait sur sa grande écritoire grise un ou deux textes, et il partait faire des courses ; je me faisais un point d'honneur à ce que la musique soit faite quand il rentrerait, et lui faisait la même chose : je lui laissais des musiques, et quand je revenais les paroles étaient écrites.
L'autre méthode, la plus fréquente : j'arrivais chez lui au début de l'après-midi, je me mettais au piano. Boris prenait son écritoire et on attendait l'inspiration. Parfois c'était lui qui démarrait avec une phrase, je cherchais une musique qui collait, lui continuait à écrire. Parfois c'était moi qui continuais et on construisait comme cela la chanson. Quelquefois, pendant que je composais, Boris intervenait et me disait : « Jimmy, tu ne penses pas que là, au lieu de répéter le thème, tu devrais partir dans une autre direction et trouver autre chose ? » Comme il était musicien et surtout comme il avait un bon sens critique, je l'écoutais. Parfois c'était le contraire. J'écrivais un peu et souvent je trouvais le titre avant lui, quelquefois je notais une idée de chanson et la lui soumettais. S'il la trouvait bonne, d'abord il riait, et il notait. Par exemple sur J'suis snob on cherchait tout ce que pourrait faire un snob, je lui dis « passer le mois d'août au plumard, et regarder la télévision à l'arrière », ça l'a fait rire et il les nota. Il n'y avait aucune rivalité entre nous, et qu'importait qui avait fait quoi, le but c'était d'écrire des chansons le mieux possible. Une autre fois, cela a été bien involontaire de ma part, nous avions écrit une chanson qui s'appelait Les liaisons dangereuses et, en parlant, j'ai bafouillé et j'ai dit Les lésions dangereuses. Boris est parti d'un grand éclat de rire et s'est écrié « c'est ça le titre ! ». |