Partition Henry Cording, Éditions Musicales Tutti, 1956
Première pochette, juillet et septembre 1956. Henry Cording, seul nom. Verso signé : Jack K. Netty (traduction B. Vian) Seconde pochette, octobre 1956. Mention Henri Salvador alias et le dessin ajoutés. Verso identique Troisième pochette. Henry Cording et le texte de Vian disparus. LP 33 t 25 cm Philips N 76088R, décembre 1956. Face 1 reprend les quatre rock and rolls. Les paroles sont enfin créditées à Boris Vian, la musique à Michel Legrand et à Henri Salvador. Face 2 (rien à voir avec Henry Cording ni le rock and roll) comporte six chansons de Henri Salvador, dont deux écrites par Boris Vian (Pas encore et La nuit va commencer). Cet album a été réissu en 2002 en deux versions : vinyle et CD digipack. |
Georges Unglik : « En mai [1956], Michel Legrand revient d'une tournée aux États-Unis où on l'a affectueusement surnommé Big Mike (jeu de mot très traduisible en français). Dans ses bagages, il rapporte quelques disques de rock'n roll, genre qui commence à faire fureur outre-Atlantique (Presley vient tout juste d'entrer dans les charts). Entre le 31 mai et le 5 juin, ce nouveau rythme fait deux nouveaux adeptes : Henri Salvador et Boris Vian. En une après-midi, et en rigolant comme des fous, nos trois compères écrivent et composent les quatre premiers rock'n and roll français à 100% :
Ce 45 tours Fontana 460.518 est le disque made in France le plus énergique du siècle. La formation musicale est vraisemblablement la suivante : direction Michel Legrand, saxophone Pierre Gossez, contrebasse Guy Pedersen, batterie Gus Vallez, guitare Léo Petit, Henri Salvador est au chant et les churs sont certainement assurés par les Fontana, à savoir Christiane Legrand (sur de Michel), Rita Castel, Jean-Claude Briodin, Ward Swingle, Roger Berthier et Janine Wells. On remarquera le sax hurleur de Pierre Gossez sur toutes les plages, et sur Va t’faire cuire un uf, Man ! Michel Legrand qui compte le tempo avant Salvador et qui donne de la voix derrière celui-ci sur les ultimes paroles. Ce 45 tours est sorti tout d’abord sous le nom d’Henry Cording, puis on a dissipé l’opacité en le rééditant sous le nom d’Henri Salvador alias Henry Cording. » Jean-Claude Hemmerlin : « En 1956, à New York, Michel Legrand a la fièvre. Il vient de choper un virus encore inconnu dans notre douce France : Jacques Canetti : « Boris a francisé les tout premiers rocks. Il avait même écrit les premiers rocks français. Il en faisait quelquefois la musique, mais la plupart du temps, celle-ci était de Michel Legrand ou de Henri Salvador. Il a probablement retardé l'expansion du rock en France, car il n'y voyait qu'une sorte de gymnastique, de prétexte à jeux de mots extrêmement savants que Boris avait combinés pour présenter ses rocks A mon avis, cela a retardé le rock. Je me sens très coupable d'ailleurs, mais je m'amusais tellement que je n'ai jamais changé de tactique. » Bernard Big Joe Zitoune : « En 1956, Henri Salvador, pour se moquer de ce qu'il considère comme une nouvelle musique à la mode grave, sous le pseudonyme de Henry Cording and his original Rock and Roll Boys (recording veut dire : enregistrer en anglais), avec la complicité de Boris Vian (alias Vernon Sinclair) pour les paroles, et de Michel Legrand (alias Mig Bike) pour la musique ; ce que certains considèrent comme le premier disque de Rock and Roll Français. (Quoique des magazines de l'époque, annoncent la sortie de Mac Kac et son Rock and Roll, deux mois avant la parution du disque de Henry Cording !). [ ] Malgré les paroles, la plupart du temps écrites par des musiciens de Jazz, qui veulent ridiculiser une musique qu'ils n'acceptent pas [ ], mais qu'ils jouent malgré tout ; on peut dire que le Rock and Roll Français des années 50 est la transition entre le Jazz de St-Germain et le Phénomène Yé-Yé des années 60. » Notons que ce légendaire pionnier du Rock and Roll Français Mac-Kac lui aussi s'y est pris d'une façon plutôt comique, à en juger même par ses titres : J'tuerai l'voyou qui a bu tout mon vin d'messe ou bien Le rouquin râle (vous pouvez écouter presque la totalité de ses rock and rolls à la page de Mac-Kac), donc il serait aussi responsable (avec Boris Vian et Jacques Canetti) du retardement de l'expansion du rock en France Retentissement nationalFAITES CONNAISSANCE AVEC LE ROCK AND ROLLLe « Rock and Roll », tel que j'ai pu apprécier dans quelques disques récents, est du super-hot, du jazz porté à l'incandescence, notamment dans les paroles qui peignent l'homme moderne dans un état de surexcitation tel qu'il ne peut plus bâtir des propositions cohérentes, mais seulement bredouiller, soit sous l'empire de la passion, soit sous celui de la colère, soit sous celui d'une joie frénétique, des phrases haletantes qu'il répète à loisir. [ ] Un curieux spécimen de ce nouveau style nous est offert par un certain Henry Cording dans un disque extravagant où il hurle, gémit et scande [ ]. Les auditeurs ne manqueront pas de trouver une troublante ressemblance entre le timbre de voix et l'entrain d'Henry Cording et ceux de notre Henri Salvador. À vrai dire, ce n'est pas tellement troublant. Surtout, quand on lit le texte de la pochette où ce pince-sans-rire de Boris Vian a mis la main ! Démonstration de Rock and Roll par Henri Salvador et Mimi Brilli. |